DIEU EST MORT assassiné par les Francs-maçons

Devenir un Franc-maçon instruit...

         

            Abonnement Gratuit                          Cliquez sur les étiquettes pour accéder à la commande

Quand l'histoire parasite les mythes et les symboles

l y a quelques mois, j'ai posé la question suivante aux membres d'une Loge maçonnique : « C’est quoi la Franc-maçonnerie selon vous ? ».

 

J’ai n’ai obtenu que des réponses différentes et incomplètes. Pour l’une c’était la fraternité, pour l’autre la pratique d’un rituel, pour le 3ème une spiritualité pour mieux se connaître et enfin, pour une dernière, une école de pensée.

 

Pour tout vous dire, aucune de ces réponses ne me satisfaisait. La fraternité de la première n’est que la conséquence de notre pratique maçonnique, mais certainement pas l’essence. Il existe plein de disciplines qui ne se nomment pas maçonnerie et qui engendrent de la fraternité. La pratique du rituel citée par le second n’est pas une réponse juste, car toutes les religions ont des rituels et pourtant, elles ne sont pas maçonniques. Quant à la spiritualité pour mieux se connaître, il existe des dizaines de voies qui donnent le même résultat, sans avoir à s’initier en Loge. Et enfin, l’école de pensée, on la retrouve chez tous les philosophes. Par conséquent, vous comprenez mon souci, personne ne pouvait définir de manière universelle et précise ce que nous amène l’Initiation.

 

Comme vous pouvez l’imaginer, une S m’a posé la question : « Et alors, c’est quoi pour toi la Franc-maçonnerie ? » Ma réponse fut la suivante : « C’est l’étude et la mise en pratique de la géométrie sacrée et ce, quel que soit le Rite, le lieu ou l’Obédience où elle se pratique ». Et pour définir ce que veut dire sacré, j’ai rajouté : « Le sacré, c’est la somme de toutes les lois universelles qui gouvernent l’univers, comme la gravité, la lumière, l'amour, l’impermanence, la vie/la mort, la suite de Fibonacci… »  Il me restait à conclure avec le rappel concernant la géométrie pour dire qu’il s’agit de « la science de la mesure du terrain ». Tous nos outils sont là pour nous le rappeler (Equerre, compas, règle, pavé mosaïque, fil à plomb, niveau…).

 

Avouez que les maçons ont une fâcheuse tendance de couper le tablier en 4 et de triturer intellectuellement les concepts dans de sempiternelles causeries rituelles. J'ai l'habitude de lancer deux défis à ces empêcheurs de maçonner en rond. Le premier c'est de remettre en question ma définition de la Franc-maçonnerie ci-dessus. Pour l'instant je reste invaincu ! Le deuxième défi, c'est d’être capable de m'expliquer comment la même personne peut être dans la foi d'un Dieu révélé le dimanche à la messe et dans la quête de la Gnose (donc le doute) le lundi soir en tenue. Cet exercice antinomique qui consiste simultanément à vider et à remplir la même tasse entraine une schizophrénie prononcée chez ses adeptes. A ce jour, je n'ai obtenu en réponse que des exercices rhétoriques alambiqués et imprécis, mais aucune réponse claire et convaincante. Il me semble bien que la religion dogmatique et la Franc-maçonnerie ne peuvent pas se pratiquer dans la même vie, à moins de faire des petits arrangements avec sa conscience. Remarquez, nous avons bien eu un Franc-maçon qui a permis l’abolition de l’esclavage (Victor Schœlcher) et un autre qui possédait 50 esclaves à son service (George Washington). Nous pourrions aussi parler de deux Frères assez connus : Salvador Allende et Augusto Pinochet. Le premier étant parrain du deuxième, le deuxième étant l’assassin du premier. Comme vous le constatez, la Franc-maçonnerie ne comprend pas que des humanistes convaincus. Certains sont plus croyants que pratiquants en la matière !

 

Un autre sujet me tient à cœur, c'est celui de l'Histoire avec un grand H. Je constate avec le temps que les érudits de la maçonnerie sont les historiens de notre art. Je vous confesse que cela à une fâcheuse tendance à m'hérisser le poil. Non pas que je sois allergique à l'histoire, bien au contraire, ce qui me choque, c’est qu’elle devienne le garant de notre pratique actuelle. Selon certains maçons, la seule maçonnerie qui compte, c'est celle des origines, celle de la règle en somme. Le problème est que tout le monde n'est pas d'accord sur sa forme et son nombre de divisions. Pour le premier elle est née en écosse, pour le deuxième elle vient des anciens métiers, pour le troisième... c'est Noé et pourquoi pas Adam. Je vais certainement paraître grivois, pardonnez-moi, mais il me semble que la maçonnerie c'est comme l'amour, moins on n'est en mesure de la pratiquer plus on parle des exploits du passé… et pour certains, il ne s’agit que des exploits des autres. Qui peut se targuer aujourd'hui de posséder la maçonnerie la plus pure, celle qui lave plus blanc que blanc ? 

 

Un autre phénomène apparait et celui-ci est nettement plus fâcheux. A force de nous parler de nos illustres ancêtres et de leurs multiples réalisations, on finit par créer une confusion entre ces récits du passé et les mythes sur lesquelles notre pratique maçonnique est bâtie. Pour ceux qui ne verraient pas la différence, je m'explique : Andersen et Desaguliers sont deux personnages historiques de la Franc-maçonnerie. En revanche, Maître Hiram ou Salomon sont quant à eux des êtres mythiques. Certains m'objecteront qu'il est possible que les 2 premiers n'aient jamais réellement existé car nous n’avons pas de photos de l'époque. Il est aussi possible d'affirmer que les 2 seconds sont peut-être des personnages historiques ? En réalité, on s'en moque totalement, c'est comme de savoir si Jésus a réellement existé. Les fanatiques qui confondent le mythe et le personnage historique sont condamnés à l'enfer de la réification. Cette punition est hautement cruelle, car elle oblige le supplicié à se prosterner devant des idoles. Vous vous souvenez certainement de votre lecture de la Bible. Aaron guide les Hébreux vers l’idolâtrie du veau d’or, pendant que Moïse va bosser sur le Mont Sinaï et récupérer les Tables de la Loi auprès du grand patron. C’est un peu la même chose en maçonnerie. Certains se prosternent devant des personnages historiques, des Rituels vidés de sens, des actions sociales ou culturelles… mais combien travaillent concrètement sur le mythe avec l’aide des symboles ?   

 

Est-il utile de rappeler que l'intérêt de nos symboles et de nos mythes réside essentiellement dans le fait qu'il ne faut jamais les chosifier. Ils doivent rester des abstractions qui agissent par un principe de substitution afin de conserver durablement leur effet. Gare à celui qui se hasarderait à les faire entrer dans la vie réelle. Prenons par exemple 4 personnages chers à mon Rite (égyptien) : Osiris, Isis, Horus et Seth. Quel serait l'intérêt de prouver leur venue sur terre et la véracité des faits reprochés à Seth (assassin de son frère Osiris) ? En revanche, s'attacher à ce mythe et s'en servir pour comprendre le principe du symbolon grec ou de la palingénésie est une juste application qui nous guide dans notre voie. Elle nous permet de comprendre intuitivement le principe perpétuel du mourir et renaître.

 

Notre époque perturbée par les excès du matérialisme, nous amène à tout mélanger. Si cela continue, nous allons définitivement perdre les recettes de la voie Initiatique. Les questions que chaque maçon doit se poser sont les suivantes : « Si je retire le Rituel, est-ce toujours de la Franc-maçonnerie ? » Puis : « Si je retire les Mythes et les symboles, est-ce toujours le même Art Royal ? »…  et ainsi de suite, jusqu’au cœur du questionnement, afin d’en extraire l’essence. Si nous perdons cette essence, il nous reste à tous aller faire du golf, car notre Art n’a plus aucun intérêt autre que culturel, sportif… ou syndical. 

 

Mon propos peut sembler exagéré à certains. Pourtant, lorsqu’on sait que des milliers de Maîtres maçons démissionnent chaque année sans que personne n’en trouve la cause, il me semble qu’un des éléments de réponse majeur se trouve là !!! 

 

Regardons autours de nous. Nous avons très peu de Frères ou de Sœurs sages et épanouis qui nous servent de modèles. La preuve, nous nous réfugions dans l’histoire et les réalisations sociales d’antan. Prenons maintenant les Arts martiaux, qui sont une autre voie de spiritualité. Les pratiquants possèdent de nombreux modèles relativement récents de Maîtres ayant atteints la sagesse (Funakoshi, Kano, Ushiba…). Je ne vous parle par de Bruce Lee et de ses exploits physiques, mais bien de Maîtres accomplis qui ont laissé des traces durables par l’exemplarité. Il en est de même chez les philosophes (la preuve, les maçons eux-mêmes les citent), les religieux n’échappent pas à la règle, ils ont des modèles… Alors faisons un exercice : « Pourriez-vous citer un seul maçon qui à atteint l’illumination et qui est un exemple de sagesse ? »

 

Nous connaissons tous des Maitres maçons qui ont pris la forme physique du Bouddha grâce aux agapes, mais combien en ont pris la sagesse ? Cette simple observation pourrait nous amener à réfléchir sur le devenir de notre Art. Voulons-nous en faire un club des gouteurs de whisky, une annexe du Parti Socialiste ou des Républicains, un musée de la paléontologie… ou voulons-nous préserver notre voix initiatique pour devenir des êtres meilleurs et sortir du mauvais pas dans lequel notre humanité se trouve ?

 

La question est posée et je suis certain que chacun aura sa réponse. Pendant que la parole circule, je retourne travailler dans le silence sur mes mythes et symboles.